Ces derniers temps, j’ai fouillé dans ma bibliothèque, en quête de mes premières lectures sur le vin, avant de les comparer aux derniers ouvrages parus. Un constat s’impose : autrefois totalement passés sous silence, des mots sont désormais sous toutes les plumes. À commencer par biodiversité ou agroforesterie. Un signe…
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Si les auteurs inscrivent noir sur blanc ces termes dans leurs glossaires, c’est qu’ils sont de plus en plus prononcés par les vignerons. Il y a là l’expression d’une vraie conviction : comme de nombreuses monocultures, celle de la vigne peut présenter des inconvénients, notamment un déséquilibre global de l’environnement, la disparition de certaines espèces, la propagation plus rapide de maladies… Aussi, certains, toujours plus nombreux dans toutes les régions, plantent des haies autour de leurs parcelles, et même des arbres dedans ! L’idée forte ? Favoriser une biodiversité vertueuse, donc profitable à la vigne. Les avantages de ces pratiques sont légion. Cette végétation est très précieuse à l’heure de limiter l’érosion. Dans des zones assez pentues, il arrive parfois que la terre, à la faveur d’une pluie violente, dégringole en bas de parcelle et provoque le déchaussement des pieds de vigne. Pas de ça avec des haies ou des arbres disposés aux bons endroits. La végétation joue aussi un rôle sur le micro-climat. L’ombre qu’elle projette évite que les vignes ne grillent au soleil. Dans certaines régions secouées par des vents violents, comme la tramontane dans le Roussillon, elle freine également le souffle de ces derniers et les dégâts qu’ils peuvent occasionner. Elle a en plus un impact positif sur la structure du sol via la biomasse produite par les différentes essences plantées. Et sans elle, pas d’habitat non plus pour une faune riche, dont certains prédateurs des ravageurs de la vigne. Prenez la chauve-souris : cette bestiole mange les vers de la grappe, à l’état de papillon. Avec son système de « sonar », elle a besoin qu’un obstacle, comme une végétation un peu haute, lui fasse écho pour pouvoir se diriger et donc chasser le funeste papillon !
Si le bio a pu être parfois qualifié de « mode » ou de « tendance », c’est méconnaître la profondeur de la remise en cause qu’il exige. Idem au sujet de l’agroforesterie ou de la biodiversité : la pratique de la première et la mise en valeur de la seconde demandent engagement, sérieux et rigueur notamment pour une bonne adaptation à chaque terroir. Planter autour des parcelles ou dedans, des arbres isolés ou des rangées, telles essences plutôt que telles autres… Les questions ne manquent pas. Sur ce point comme sur d’autres, il ne s’agit pas d’improviser : la démarche s’inscrit sur le très long terme !
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